Série : Élections 2024, l’avenir de la Belgique ne se fera pas sans les femmes !
Agir sur les inégalités dès à présent
En 2021, António Guterres, Secrétaire-général des Nations Unies, titrait “Les femmes, visage de la crise” en plein cœur de la pandémie de Covid-19. Car si les inégalités de genre sont présentes même lorsque l’économie se porte bien, elles se creusent plus encore lors de crises économiques.
Un des exemples les plus récents est la crise suite à la pandémie de coronavirus. D’abord, parmi les secteurs les plus touchés figuraient les secteurs où la main-d’œuvre féminine est concentrée . C’était par exemple le cas de l’horeca, mais aussi des métiers de contact non-médicaux ou encore le secteur socio-culturel. La fragilisation de ces secteurs a eu de grandes répercussions sur les emplois occupés par des femmes, en particulier ceux en bas de l’échelle hiérarchique. Par ailleurs, la fermeture des écoles a entraîné, du fait d’une division genrée des tâches liées aux enfants, une sortie des femmes du marché du travail.
34,4% des femmes ont ainsi fait la transition vers l’inactivité contre 25,5% des hommes . L’entrepreneuriat féminin a lui aussi subi de dures conséquences qui avaient été documentées dans notre rapport “Le Covid-19, une pandémie sexiste ? Plan pour une relance économique au féminin”. 63,3% des femmes interrogées avaient ainsi enregistré une baisse de leur activité et 37,4% une rupture de trésorerie durant la pandémie .
Les effets des crises ne se limitent d’ailleurs pas aux seules inégalités économiques, comme le démontrent la hausse inquiétante des violences fondées sur le genre durant ces périodes. Une enquête de l’Eurobaromètre révélait ainsi que 70% des personnes interrogées estimaient que les violences envers les femmes avaient augmenté pendant la crise . Ces violences incluaient notamment les violences domestiques, les violences en ligne, ou encore la violence économique.
Or les politiques publiques jouent un rôle de premier plan en matière de réduction des inégalités de genre. Ainsi, la loi de 2011 sur les quotas avait forcé les entreprises a modifié la structure de leurs conseils d’administration. Cela avait résulté en une meilleure parité, bien qu’encore imparfaite, des conseils d’administration du BEL20. Mais les politiques publiques peuvent également avoir un effet négatif sur l’égalité de genre. Ce fut le cas des politiques de rigueur mises en place afin de remédier à la crise économique de 2008 qui avaient été détrimentales à l’emploi des femmes du fait des coupures budgétaires dans le secteur public.
L’action publique est donc un élément essentiel de la lutte contre les inégalités économiques de genre. Plusieurs dimensions sont donc à garder à l’esprit pour assurer leur efficacité.
- Inclure les femmes dans la conception et l’orientation des politiques publiques. Non seulement en consultant les expertes et experts sur la question du genre, mais aussi en écoutant et travaillant avec les organisations non-lucratives actives dans ce domaine et en interrogeant et enquêtant les femmes elles-mêmes.
- Assurer la parité au sein des gouvernements. Au-delà de la parité, il est important que les femmes dans les gouvernements ne soient pas cantonnées à des sujets considérés comme “féminins”, et soient aussi présentes dans les ministères régaliens, notamment sur l’économie.
- Affirmer l’égalité de genre dans les partenariats publics-privés. signifie garantir que ces projets intègrent activement la dimension de genre dès leur conception. Cela implique entre autres que les objectifs du partenariat doivent inclure l’égalité de genre, que la sensibilisation au genre fasse partie de critères de sélection des partenaires, mais aussi que les projets conçus dans le cadre de ces partenariats doivent intégrer activement la dimension de genre.
- Évaluer l’effet des politiques publiques sur l’égalité des genres. Cela peut notamment inclure une évaluation en amont de la mise en place des politiques, mais surtout une évaluation post-mise en place pour mesurer leur efficacité réelle. Collecter des données quantitatives et qualitatives permet de comprendre comment ces politiques affectent les femmes et les hommes différemment ; et si elles permettent de réduire ou creuser les inégalités. Cette évaluation post-mise en place permet d’ajuster les politiques en fonction des résultats observés et d’orienter les décisions futures vers des mesures plus efficaces pour promouvoir l’égalité des genres. Ici, mesurer est un moment-clé afin d’ajuster les politiques et garantir l’inclusivité de celles-ci.
- Dédier des budgets. En effet, il ne suffit pas d’avoir de bonnes intentions ou de belles paroles ; des fonds adéquats sont nécessaires pour concrétiser les objectifs fixés en matière d’égalité des genres. Ces budgets dédiés peuvent être utilisés pour financer des programmes de sensibilisation, des initiatives de formation, des subventions pour des projets axés sur l’égalité des genres, ainsi que pour soutenir les acteurs et actrices travaillant dans ce domaine. Allouer des ressources conséquentes à la lutte pour l’égalité des genres est nécessaire afin de créer un impact tangible dans la société.
Guterres, A. (2021). “Les femmes, visage de la crise.” Nations Unies. Secrétariat Général.
https://www.un.org/sg/fr/content/sg/articles/2021-03-04/crisis-womans-face
Semah, H. (2021). “L’impact du COVID-19 sur les inégalités entre les femmes et les hommes à Bruxelles.” Conseil bruxellois de l’Égalité́ entre les femmes et les hommes: p.14
Semah, H. (2021). “L’impact du COVID-19 sur les inégalités entre les femmes et les hommes à Bruxelles.” Conseil bruxellois de l’Égalité́ entre les femmes et les hommes : p.25-26
Womenpreneur. (2022). “Le Covid-19, une pandémie sexiste ? Plan pour une relance économique au féminin”: p.14
https://womenpreneur-initiative.com/belgium/plan-de-relance
Eurobaromètre. (2022). “Women in times of COVID-19. Belgium.” Flash Eubarometer. https://europa.eu/eurobarometer/surveys/detail/2712