Série : Élections 2024, l’avenir de la Belgique ne se fera pas sans les femmes !

Les secteurs d’activité, combat oublié de l’égalité de genre ?

Pour ceux qui nous suivent depuis déjà quelques années, vous vous souvenez peut-être de notre vidéo réalisée à l’occasion du 8 Mars sur les femmes et les métiers dits “masculins” où l’on pouvait retrouver Audrey, l’une des seules femmes sapeuses-pompières de Bruxelles.  Plus précisément, en 2020, elles étaient 11 femmes à occuper cette position, un chiffre bien inférieur à celui des hommes qui étaient de 1122 .

 

Mais ce n’est pas le seul métier où l’on retrouve de grandes disparités entre les hommes et les femmes, bien au contraire. Ainsi Statbel publie chaque année une liste des professions ventilées par genre . En observant cette liste, la division genrée des métiers en Belgique est évidente. Ainsi, les métiers dits “manuels” sont souvent majoritairement masculins. En 2023, le pourcentage d’hommes parmi les plombiers et tuyoteurs était de 100%, démontrant une absence totale de femmes dans ce métier. De même, seul 1,9% des électricien.ne.s du bâtiment sont des femmes. A l’inverse, on retrouve des pourcentages bien supérieurs de main d’œuvre féminine dans les métiers du soin et de l’éducation. Ainsi, les femmes représentent 97,6% des aides-soignants et aides-soignantes à domicile ; 94,9% des gardes d’enfants ; et 97,9% des éducateurs et éducatrices de la petite enfance.

 

Un secteur sur lequel tous les yeux sont rivés à l’heure actuelle, c’est celui des STEM (Sciences, Technologies, Ingénierie et Mathématiques) : du fait de ses promesses économiques, du fait de ses impacts sur notre société, mais aussi du fait du faible nombre de femmes parmi les travailleurs et travailleuses du secteur. Cela est notamment confirmé par la liste de Statbel mentionnée ci-dessus avec les femmes représentant 12,4% des concepteur.rice.s de logiciels ; 14,6% des managers TIC ; et 20% des spécialistes des sciences techniques de la production et de l’industrie. Au-delà des statistiques du marché du travail, les femmes et filles représentent par ailleurs une part très faible de la population étudiante de ces domaines. Selon les chiffres de l’ARES , les femmes représentaient pour l’année 2021-2022 30% des filières “Sciences” et “Sciences de l’ingénieur et technologie”. Ce que les chiffres de l’ARES révèlent également, c’est qu’entre l’année 2015-2016 et l’année 2021-2022, la population masculine dans ces mêmes filières a augmenté de 4610 personnes tandis que la population féminine a augmenté de 2501 personnes. La croissance de la population féminine dans ces filières est donc encore trop lente pour voir de véritables résultats.

 

Se pose alors la question de comment encourager les femmes et les jeunes filles à étudier et travailler dans ces secteurs. De manière similaire, comment encourager les hommes à s’orienter vers des métiers traditionnellement considérés comme féminins.

 

La représentation joue un rôle crucial dans l’orientation dès le plus jeune âge. Une étude de Microsoft sur les filles dans les STEM a montré que l’intérêt pour ces disciplines double presque lorsqu’elles ont un rôle modèle à suivre . C’est donc une responsabilité collective que nous avons en tant que société de transformer ces stéréotypes de genre et de diversifier le visage du monde professionnel. Ces modèles à suivre peuvent émaner de la famille, des écoles, mais aussi des institutions et entreprises majeures de ces secteurs.

 

Le secteur culturel a également un rôle qu’il se doit encore de jouer. Eleanor Drage, chercheuse à l’Université de Cambridge, dénonçait ainsi en interview que “la représentation des femmes de sciences dans le cinéma encore pire que la réalité » . Ainsi, sur les 143 films étudiés par la revue Public Understanding of Science, seuls 8% des personnages scientifiques étaient des femmes. A l’inverse, des exemples tels que le roman “Les Figures de l’ombre” et son adaptation cinématographique, mettant en lumière le rôle de trois femmes noires à la NASA au milieu du 20e siècle, illustrent la puissance de la représentation dans la déconstruction des stéréotypes de genre.

 

Il est crucial de mettre en avant les femmes, et les hommes, qui travaillent dans des secteurs traditionnellement associés à un genre spécifique. Mettons en avant les Dr Fei Fei Li tout autant que les Bill Gates ! Ces efforts ne suffiront peut-être pas à changer complètement l’état actuel des choses, mais ils représentent un premier pas vers un avenir plus équitable et inclusif.

 

BX1. (2020). “Moins de 1% de femmes chez les pompiers de Bruxelles”. BX1. https://bx1.be/categories/news/moins-de-1-de-femmes-chez-les-pompiers-de-bruxelles/#:~:text=Et%20pour%20cause%2C%20seules%2011,sur%20le%20site%20pompier.be%20%3F

 

Statbel. Professions en Belgique (Top100) depuis 2013. https://statbel.fgov.be/fr/themes/emploi-formation/marche-du-travail/les-professions-en-belgique#figures

 

Académie de Recherche et Enseignement Supérieur (ARES). 2022. Evolution du nombre d’étudiantes et d’étudiants entre 2014 et 2022.

https://www.ares-ac.be/fr/statistiques

 

Microsoft. (2018). “How role models are changing the face of STEM in Europe”. Microsoft & KRC Research. https://news.microsoft.com/europe/features/girls-in-stem-the-importance-of-role-models/

 

Mauger, C. (2023). “« Encore pire que la réalité » : les femmes scientifiques, angle mort du cinéma”. Numerama.

https://www.numerama.com/pop-culture/1399552-encore-pire-que-la-realite-les-femmes-scientifiques-angle-mort-du-cinema.html

Share on facebook
Facebook
Share on twitter
Twitter
Share on linkedin
LinkedIn