Série : Élections 2024, l’avenir de la Belgique ne se fera pas sans les femmes !

L’entrepreneuriat féminin, la réalité derrière les chiffres

Saviez-vous que l’entrepreneuriat féminin a été identifié par la majorité des grands groupes internationaux comme un moyen de réduire la pauvreté ? Et pourtant, lorsque l’on s’intéresse à ce sujet, on remarque que les inégalités de genre contrarient ces possibles retombées positives. 

L’entrepreneuriat féminin, ce n’est pas un sujet banal pour Womenpreneur. Fer de lance de l’asbl, il est au cœur de nos tout premiers programmes et bien évidemment au centre de notre mission d’autonomisation économique des femmes. 

La raison pour laquelle Womenpreneur s’est intéressée de prime abord à l’entrepreneuriat féminin, c’est parce que si l’entrepreneuriat regorge d’opportunités pour les femmes, c’est aussi un parcours semé d’embûches. La précarité y est notamment alarmante.  Les chiffres sur celles-ci sont consternants : d’après Women in Business, 52% des indépendantes bruxelloises à titre principal ont un revenu annuel inférieur à 20 000€ . Plusieurs éléments sont importants afin de bien comprendre la réalité derrière ces chiffres. Tout d’abord, on parle ici seulement des indépendantes à titre principal, ce qui signifie sans autre activité professionnelle ou bien avec un emploi salarié à moins de 50%. Cela signifie donc que 52% de ces indépendantes dépendent principalement de ces 20 000€ annuels, soit 1666€ par mois, pour subvenir à leurs besoins. Or parmi ces mêmes indépendantes, la moitié d’entre elles gagnent moins de 10 000€ par an, soit 833€ par an, suggérant une précarité plus importante encore .

De multiples raisons peuvent expliquer cette situation. Par exemple, une étude menée dans plusieurs pays occidentaux montrait que des biais sexistes dans la finance font que les investisseurs ont une préférence pour les entreprises menées par des hommes mais mènent également à l’autocensure des entrepreneuses qui sont plus facilement découragées d’emprunter . Le fait que les femmes soient également sur-représentées dans des secteurs d’activités qui génèrent moins de revenus ou qui sont plus sensibles à la conjoncture économique, fragilisent également les ressources de l’entrepreneuriat féminin. Le problème, c’est que ces raisons peuvent rapidement former un cercle vicieux où les causes deviennent conséquences. Ainsi, le fait que l’accès au financement soit restreint pour les entrepreneuses, va impacter la croissance de leur entreprise, ce qui va d’autant plus restreindre leur accès aux financements par manque de garanties financières. 

Mais quoi faire de ces informations ? Si pointer du doigt les défauts et les inégalités de genre au sein de l’entrepreneuriat est un premier pas salvateur, seules des actions concrètes et pensées permettront de dépasser ceux-ci. Voici donc quelques propositions que Womenpreneur propose d’explorer :

  1. Mieux capturer la situation des entrepreneuses : Il est crucial d’avoir des données plus précises et cohérentes sur les entrepreneuses en Belgique. En effet, pour agir efficacement, nous avons besoin d’une vue d’ensemble, ce qui nécessite la création d’une banque de données nationale sur les entrepreneuses et les femmes dans l’économie belge en général. Avoir accès à de telles données et informations permettrait de cibler au mieux les priorités et ainsi améliorer l’efficacité, et potentiellement la quantité, d’actions visant à soutenir l’égalité de genre dans l’entrepreneuriat et l’économie. 
  2. Ouvrir des opportunités de financement aux entrepreneuses : L’accès au financement pour les entrepreneuses demeure un défi majeur. Trop souvent, les opportunités de financement présentées ne correspondent pas aux besoins des entrepreneuses. Il est donc primordial de réfléchir à des modalités de financement qui sont adaptées aux profils des entrepreneuses en Belgique. Au-delà de l’ouverture de ces opportunités, elles doivent être clairement communiquées et accompagnées d’un système de soutien dans la gestion financière de l’entreprise afin d’en optimiser les bénéfices. 
  3. Rendre visible les entrepreneuses : L’image de l’entrepreneuriat reste largement masculine, mais l’heure est au changement. Mettons en lumière les entrepreneuses belges et leurs réussites, car la visibilité peut changer les perceptions et encourager davantage de femmes à se lancer. C’est par exemple ce que cherche à faire Womenpreneur avec la plateforme wowhere qui met en avant non seulement les produits et services proposés par les entrepreneuses, mais également leurs parcours.
  4. Engager les acteurs et actrices du secteur privé : Les inégalités de genre nécessitent une action collective. Il est temps d’engager les banques, les institutions financières, les médias et les grandes entreprises dans la lutte contre ces injustices. Déjà en 2022, Womenpreneur avait appelé à la publication d’une charte qui engageaient ces acteurs et actrices à plus soutenir les entreprises . 

Sur ce, je vous invite à partager vos idées et réflexions dans les commentaires. Ensemble, nous pouvons œuvrer pour un avenir plus équitable et inclusif pour toutes les entrepreneuses en Belgique.

Women in Business. (2023). “Baromètre de l’entrepreneuriat féminin 2023”. Hub Brussels, p.1-24

https://womeninbusiness.hub.brussels/content/uploads/2023/11/women-in-business-barometre-de-lentrepreneuriat-feminin-2023.pdf

Women in Business. (2023). “Baromètre de l’entrepreneuriat féminin 2023”. Hub Brussels, p.1-24

https://womeninbusiness.hub.brussels/content/uploads/2023/11/women-in-business-barometre-de-lentrepreneuriat-feminin-2023.pdf

Coleman, S., Henry, C., Orser, B., Foss, L. and Welter, F. (2018). “Policy Support for Women Entrepreneurs’ Access to Financial Capital: Evidence from Canada, Germany, Ireland, Norway, and the United States”. Journal of Small Business Management, p. 2-23. 

https://www.researchgate.net/publication/328453655_Policy_Support_for_Women_Entrepreneurs%27_Access_to_Financial_Capital_Evide

nce_from_Canada_Germany_Ireland_Norway_and_the_United_States

Womenpreneur-Initiative. (2022). “Le Covid-19, une pandémie sexiste ? / Plan pour une relance économique au féminin.”, p.1-43.

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